Les musiques traditionnelles

Jeunes poitevins mènenet le bal. Festival de Bouche à Oreille 2023Jeunes poitevins mènent le bal. Festival de Bouche à Oreille 2023

Une mémoire en mouvement

Les musiques traditionnelles sont des musiques buissonnières ! Invisibles presque totalement dans les médias, elles ne sont jamais autant vivantes que dans l'instant présent : musiques de partage, musiques charnelles qui rassemblent dans la danse et dans le chant, musiques de l'oralité qui se recyclent et se renouvellent sans cesse, qui poussent aussi bien dans l'âme d'un violon, le soufflet d'un accordéon, les circuits imprimés d'un synthétiseur ou le plastique d'un bout de PVC. Elles attrapent l'air du temps tout en se nourrissant de l'art des anciens et tout en veillant à transmettre aux plus jeunes.

Joseph Grellard "enquêté" par Jany Rouger à Bretignolles © Arcup

Des musiques fonctionnelles

En Poitou, elles ont une place à part entière dans le paysage musical actuel : un écosystème riche et dynamique qui tisse des liens entre générations, foisonne d'initiatives créatives et qui porte avec conviction les valeurs de tolérance, de convivialité et d'ouverture à l'autre. Liées en grande partie à la danse, elles trouvent désormais de nouvelles formes d'expression, notamment par le concert. Ces musiques revendiquent un ancrage patrimonial, puisent dans les sources collectées pour construire une nouvelle histoire. Les acteurs sont nombreux sur le territoire : professionnels et amateurs, structures institutionnelles et associations, festivals régionaux, conservatoires et écoles associatives de musique qui l'ont intégré dans leurs enseignements.

Dans les années 1960, on est encore loin de parler de musiques traditionnelles quand naît en Poitou un grand mouvement d'éducation populaire. Son objectif est la redécouverte et la transmission des cultures de traditions paysannes, dans un esprit de contre-culture face au modèle dominant. L’Union pour la culture populaire en Poitou-Charentes-Vendée (UPCP), sous l'impulsion d'André Pacher et de Michel Valière, fédère très vite une trentaine d'associations régionales qui lancent l'opération sauvetage de la tradition orale paysanne (Ostop) à partir des années 1970.

Des dizaines d'adolescents et jeunes adultes sillonnent alors les communes de la région à la rencontre des gens du pays pour constituer des milliers d'archives sonores et audiovisuelles.

Cette collecte constitue encore la majeure partie du fonds du Cerdo (Centre d’études, de recherches et de documentation sur l'oralité).

Ces sources, numérisées et accessibles à tous via la base de données Cerdo.fr, alimentent la créativité des musiciens amateurs comme professionnels.

Faire danser le munde

Le bal reste encore le lieu d'expression privilégié des musiques traditionnelles dans la région : bal événementiel ou confidentiel, pour initiés ou débutants, bal pour enfants, bal pour les événements de la vie (mariages, anniversaires, veillée à danser...).

Toutes les occasions sont bonnes pour faire danser lés mundes ! Mais faire danser impose un cadre à respecter : une vraie connaissance des danses qu'on propose, une musique savamment construite pour les porter, une interaction avec les danseurs, qu'elle soit suggérée ou explicite.

Cela implique d'être à la fois musicien et danseur.

Que l'on joue roots ou que l'on défriche de nouveaux horizons musicaux, la fonction sociale de la danse doit rester la boussole.

Bal du BAO 2009 ©Bastien Clochard

Jean-Marie Jagueneau / Coordination : UPCP-Métive-Cerdo
(Version augmentée de l'article de la revue Le Picton, n°282 paru en juillet 2025)