Le loup dans les fables
Illustration Benjamin Rabier
Le Loup a également beaucoup inspiré le poète Jean de La Fontaine (1621/1695) puisqu'il a écrit 14 Fables ayant cet animal comme principal personnage aux côtés du renard, de l'agneau, de la cigogne, des brebis, de la chèvre, du chien, du cheval, du singe... mais aussi le berger, la mère et l'enfant... toutes ces fables ayant bien souvent une fin moralisatrice.
2 de ses Fables originales sont présentées ici, illustrées par Benjamin Rabier avec en miroir une traduction adaptée en langue poitevine-saintongeaise.
Le louc é la cigogne
Par Fanie Gauthier - 2020 - La Roche-sur-Yon
Le louc é le gna
par Eugène Charrier
In tout petit gna, in gna de l’annàie,
Qui venét a pénne d’étre détriai,
Buvét a la rouére ine réciàie,
A l’unbre d’in grand puplié.
Quant ll’at aghu bu d’eàu courante,
En tournant la tàete, pr asard,
Le vit ine bàete qu’avét l’aer méchante,
Qui se drcét desso in chagne taetard.
Al le regardét avéc envie ;
Un arét dit qu’étét in chén,
Mé pa queme lés chéns de moetaerie :
Ll ’avét lés poels béréde moén luns.
Étét le louc. Le vela qui s’aproche :
« Quement se fét o, dissit ell au gna,
Que tu véns boere men eàu so çhéte roche ?
Savàes tu pa qu’étét a màe ? »
Le petit gna trenbllét queme la félle :
« Si i avàe su qu’o ve dérenjhét,
Fit ell, i aràe bu den la sélle ;
Ine àutre foes, i ve dérenjherae poet.
- Assé, i veù pa que tu me répundes.
L’annàie dérgnére, tu m’as prtout
Fét passàe pr la goule dau munde,
Éspéce de sale moutun crotous !
- I vivàe pa l’annàie dérgnére,
I ae pa pu dire dau mal de vous.
- Si ét pa tàe, ol ét tun fraere.
I o sé bé que ve m’en veléz trtouts.
- İ sé tout seùl, queme ine pauvre petite bàete ;
I ae jhamae quenu ni fraere ni seùr.
- Assé, i veù pa que tu me répundes.
L’annàie dérgnére, tu m’as prtout
Fét passàe pr la goule dau munde,
Éspéce de sale moutun crotous !
- I vivàe pa l’annàie dérgnére,
I ae pa pu dire dau mal de vous.
- Si ét pa tàe, ol ét tun fraere.
I o sé bé que ve m’en veléz trtouts.
- İ sé tout seùl, queme ine pauvre petite bàete ;
I ae jhamae quenu ni fraere ni seùr.
- Assé, ét grand tenp qu’ol araete.
Ét o possiblle d’étre si menteùr !
Pi, apràe tout, pa tant de magnére,
I en ae assé de tés cunplliments. »
Le louc le prent den sa machoere,
Le l’écrapoutit entr sés dents.
Source : Bernancio ! limérot 86 (La Fontaine) ;
rimajhure a Marie-Anne May, Poésies,
Fontenay-le-Comte, Lussaud,1929.
détriai : sevré
la rouére : la rivière
ine réciàie : un après-midill’at aghu bu : il a eu bu (oghu)
un arét dit : on aurait dit
béréde : beaucoup
dissit ell : dit-il
eàu : aeve
savàes tu pa ? : ne savais-tu pas ?
la sélle : le seau (le sella)
Si ét pa tàe : si ol ét pa tàe
Ét grand tenp : ol ét grand tenp (Omission de o/ol)
Le l’écrapoutit : il l’écrasa
Fable : le loup et de l'agneau en poitevin Saintongeais par M. Billaud – 1973 - Chantonnay (85)
Le loup et l'agneau
Par Jean de La Fontaine
Un agneau se désaltérait Dans le courant d’une onde pure. Un loup survient à jeun, qui cherchait aventure, Et que la faim en ces lieux attirait. » Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? Dit cet animal plein de rage : Tu seras châtié de ta témérité. Sire, répond l’Agneau, que Votre Majesté Ne se mette pas en colère ; Mais plutôt qu’elle considère Que je me vas désaltérant Dans le courant, Plus de vingt pas au-dessous d’Elle ; Et que par conséquent, en aucune façon, Je ne puis troubler sa boisson. – Tu la troubles, reprit cette bête cruelle ; Et je sais que de moi tu médis l’an passé. |
– Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ? Reprit l’agneau ; je tète encor ma mère. – Si ce n’est toi, c’est donc ton frère. – Je n’en ai point. – C’est donc quelqu’un des tiens ; Car vous ne m’épargnez guère, Vous, vos bergers, et vos chiens. On me l’a dit : il faut que je me venge. » Là-dessus, au fond des forêts Le loup l’emporte, et puis le mange, Sans autre forme de procès. MORALITÉ : La raison du plus fort est toujours la meilleure |