UPE 2009
Education Populaire><Culture Populaire
Pourquoi une université populaire...
Parce qu’il importe de se questionner, encore. Les mouvements associatifs d’éducation populaire (dont est issue l’UPCP-Métive) restent de rares espaces de constructions et d’échanges de savoirs.
Sortons de l’entre-soi et des débats entre convaincus, sommes-nous encore capables d’aller rencontrer les «autres»?
L'UPE 2009 propose de participer à une réflexion politique sur la culture autour de trois thèmes (et au-delà) : l’éducation, l’identité et le métissage.
L’université populaire d’été est animée par la coopérative d’éducation populaire Le Pavé : Débats mouvants, interviews mutuels, paroles boxées…pour que tout le monde s’exprime et pas seulement ceux qui osent.
Ateliers du matin...
Ces ateliers abordent une question pratique, on travaille autour d’un savoir-faire précis, en lien avec la thématique de la journée et pouvant alimenter la discussion de l’après-midi.
Par exemple, quel lien entre l’enduit à la chaux et la question de l’identité ???
L’enduit est constitutif de l’habitat, lui même élément important de l’identité. Que ce soit celle d’un territoire (on ne verra pas les mêmes maisons dans le Poitou qu’en pays béarnais...), ou d’une personne (la maison pouvant être le reflet d’une personnalité).
Partons donc de cet exemple précis pour ouvrir la discussion, l’objectif étant de "se reparler entre soi", de poser les bases de réflexions personnelles et collectives.
... discussions de l’après-midi
Sortons de la conférence institutionnelle avec quelqu’un qui "sait" et qui est là pour dispenser son savoir à ceux qui "ne savent pas"...
Chaque après-midi, quelqu’un nous présentera son point de vu pendant une demi-heure sur la thématique choisie et il s’en suivra deux heures de discussions où chacun pourra s’exprimer, argumenter et construire sa réflexion face au sujet abordé.
Différents outils d’animation permettrons aux participants d’être véritablement acteurs et au débat de bien fonctionner.
Mercredi 29 juillet 2009
“OUVERTURE”
Apprentissage au débat public en rue
14h-16h30 : On accroche une question dans l’espace public et des passants accrochent des réponses… une discussion s’installe. Les participants à cet atelier iront ensuite pendant la durée du festival par groupe de deux ou trois personnes animer des questions publiques autour de la place politique de la culture, de l’école, de la mémoire, ou de tout ce qui leur tiendra à cœur, dont les résultats seront ramenées dans les temps de discussions de l’université.
Inculture(s) 1, "L’éducation populaire, monsieur, ils n’en ont pas voulu" de/par Franck Lepage.
20h - GRATUIT - Palais des congrès
Franck Lepage, seul sur scène nous donne une « conférence gesticulée ». De 1942 à maintenant : l’histoire de l’idée d’éducation populaire, l’histoire de sa mise en échec, l’histoire des décisions politiques, et du vocabulaire qui s’imposa, polluant petit à petit les esprits, gâchant de l’intérieur l’idéal démocrate. En quoi consista la mise en œuvre de l’institutionnalisation de la Culture, de la Jeunesse et des Sports ? Quels buts ? Quels résultats ? Quelles illusions ? Inculture(s) est un moment très fort, drôle et instructif.
Vidéo des conférences gesticulées :
Pour aborder le sujet : un article du Monde Diplomatique, par Franck Lepage
Site du Scop le Pavé
Page Facebook de Franck Lepage
Jeudi 30 juillet
ÉDUCATION : A quoi sert l’école ?
Le temps de l’école correspond à une longue période (enfance) de la vie de chacun d’entre nous. Que l’on ait été un cancre ou que l’on aimé l’école, que gardons-nous en mémoire de ce temps qui nous a plus ou moins préparés à ce que nous sommes devenus ?
11h00-12h30 : atelier pratique : les savoirs faire pédagogiques dans l’éducation populaire avec Pierre Chevrier.
14h00-16h30 : discussions collectives : Une communication d’une demi-heure de Franck Lepage et deux heures d’échanges en tout genre.
- à quoi sert l’école ? elle qui a aussi participé à l’extinction des cultures populaires ?
Vendredi 31 juillet
IDENTITÉ : Comment se construire son identité de manière décomplexée ?
Le passé ne doit pas, par un abus de mémoire, nous empêcher de vivre au présent. Il ne s’agit pas seulement de le célébrer et de le commémorer parce qu’il est passé ni de l’oublier parce qu’il est révolu. Vivre au présent, ce n’est ni renier son passé ni se réfugier dans la nostalgie.
11h00-12h30 : atelier pratique : un savoir-faire « traditionnel contemporain » : l’enduit à la chaux avec Jean-Luc Clément.
14h00-16h30 : discussions collectives : Une communication d’une demi-heure de Dominique Salini et deux heures d’échanges en tout genre.
- quelle est la place (politique) aujourd’hui des archives et autres travaux réalisés dans les années 70 (Pacher) ? Les fonds culturels : un entretien mémoriel ? une nostalgie ? le passé : une valeur sûre ? une niche ? un refuge ?
Samedi 1er août
MÉTISSAGE : Où, comment les cultures se croisent-elles ?
Une forme nouvelle de rencontres des cultures, de leur brassage et de leur métissage se réalise sous nos yeux. Si les missionnaires et les marchands ont été pendant longtemps des agents de contact entre les cultures, qu’en est-il aujourd’hui ? Comment se constitue l’image du métissage et comment les médiations culturelles en rendent-elles compte ?
11h00-12h30 : atelier pratique : un semi-loisir « traditionnel contemporain » : une cuisine métisse avec Nicolas Roux.
14h00-16h30 : discussions collectives : Une communication d’une demi-heure de Jean-Louis Fabiani et deux heures d’échanges en tout genre.
- peut-on parler de culture métisse (métissée ?) aujourd’hui ? Quelle réalité sociale cette notion recouvre-t-elle ?
GRATUIT et Ouvert à tous
Constats
Parce qu’il est de moins en moins naturel de parler à des inconnus, que ce soit à la terrasse d’un café ou dans la rue, chacun ne rencontre que des personnes qui lui ressemblent, sur son lieu de travail ou par ses engagements associatifs. « Comment s’adresser à des personnes non-convaincues ? »
Les réunions publiques se transforment souvent en arène où les quelques personnes les plus habitués à prendre la parole vont la monopoliser. Il se trouve que cette forme empêche presque tous les autres de s’exprimer et stérilise toutes évolutions possibles du débat. Ces faits de société ne sont pas à prendre à la légère car ils remettent en cause la pérennité de notre démocratie. Car la démocratie s’apprend et ne se décrète pas.
Intentions
Le Pavé propose une démarche vivante et joyeuse pour s’initier à l’animation de débat public. Cette démarche ne nécessite aucun pré-requis. Il ne s’agit pas de former des experts en pédagogie du débat mais de devenir tous plus sensibles aux formes que prennent ces débats. Il s’agit de se donner le courage, ensemble et chacun à son rythme, de passer le pas, d’occuper l’espace public pour en faire un lieu de débat.
Cette démarche vise à acquérir des outils, des recettes pour animer ces débats mais surtout à en comprendre les logiques. Elle se donne pour ambition de rendre autonome les participants sur l’élaboration d’un débat public garantissant l’accès de tous à la parole et la construction d’une réflexion collective.
Les débats en « salle » - en « terrasse » pour l’occasion - lors des « ateliers » et « discussions collectives » de l’université d’été d’un côté (voir le programme) et les interventions dans la rue seront autant de moments d’expérimentations pour ces méthodes. Nous proposons un temps nommé cocottes-minutes pour analyser ces expérimentations, et réadapter les interventions du jour en conséquence. De jour en jour, nous nous formerons collectivement à partir de nos propres expériences.
Programme prévisionnel
1- De quoi parle-t-on ? mercredi 29 juillet de 14h à 16h30
D’abord un temps de présentation de différentes méthodes de débat, des paramètres à prendre en compte pour choisir une méthode plutôt qu’une autre en fonction du nombre de personnes, du contexte, de l’objectif, les manières de s’adresser aux passants... Présenté à partir d’expériences vécues, à écouter avec l’oreille de celui ou celle qui va le vivre le lendemain.
Comme passant, ce qui est agréable, ou comme animateur, ce qui change la vie. Un temps magistral vite rattrapé par un temps de connaissance entre nous, avant de se lancer ensemble dans cette aventure.
2- Des cocottes-minutes jeudi, vendredi et samedi de 9h30 à 11h
C’est un temps d’ébullition collective qui permettra, en fonction des envies des personnes présentes, du bilan de la veille, de la météo et de ce qui se vit sur le festival, de piocher dans les méthodes apportées par le Pavé ou par les participants ou d’en inventer de nouvelles, puis de définir ensemble les lieux et moments d’interventions dans la journée.
3- Des ateliers jeudi, vendredi et samedi de 17h à 18h ?
Un temps en petits groupes permettra de préparer concrètement et matériellement les différentes interventions.
4- des expérimentations jeudi, vendredi et samedi entre 12h30 et 14h ou entre 16h30 et 20h30
Expérimentations dans l’espace public par petits groupes chaque jour sur des créneaux à définir dans les plages horaires suivantes : 12h30 – 14h ; 16h30 – 20h30, avec une préférence logistique pour le créneau 18h30 – 20h30. Elles auront lieu sur le site du festival, dans le centre-ville, dans les faubourgs de Parthenay pour les plus motivés, et tout autre endroit choisi par les participants.
Les thèmes seront ceux de l’université d’été : Éducation : « A quoi sert l’école ? » ; Identité : « Comment se construire son identité de manière décomplexée ? » ; Métissage : « Où, comment les cultures se croisent-elles ? ». Ils pourront être enrichis par d’autres thématiques imaginées et voulues par les participants.
« Chaque point de vue, complexe ou simple, ironique ou tragique, grossier ou sensible peut nous interroger, nous révolter, nous faire sourire et songer. Ce qui fait réfléchir n’est pas forcement la parole d’un expert, ce qui fait débat ne vient pas toujours de là où on croit.
Notre société crée de nouveaux médias et nous explique chaque jour quel est le vrai débat, « celui qui intéresse vraiment les français »... Elle crée de fait beaucoup de solitudes et de silences à sa marge.
A une époque où les gens se replient derrière des écrans et où le débat en salle fait fuir, les porteurs de paroles utilisent les ressources peu exploitées de la ville et de ses habitants : Transformer des espaces de transits en lieux de rencontrer, décorer l’espace urbain autrement que de publicités, utiliser le besoin de parler, la curiosité, la capacité de réflexion et de philosophie des gens.
Ils constituent une enquête publique, une animation qui relie les habitants, un pré-texte pour que se rencontrent ceux qui ne font que se croiser, une manière de mettre en lumière de manière bienveillante des conflits omniprésents mais rarement discutés.La recherche de nouvelles formes de participation ne doit pas être réservée aux politiques, la société civile se doit d’inventer ses propres formes, dégagées de toute rentabilité en terme d’image. Nous contribuons à cette entreprise et cherchons à développer nos pratiques en nous implantant durablement dans des quartiers, avec pour perspective la création de nouveaux rituels de débats publics. »
Association "Matières Prises", à propos de la technique "Porteur de paroles"
Textes de référence
Voici toute une série de textes plus ou moins longs qui proposent une réflexion sur les différents thèmes abordés pendant ces trois jours. Piochez, survolez, lisez, approfondissez, ...
Cherchez le peuple ... Culture, populaire et politique - Denis-Constant MARTIN
Dossier sur le Patrimoine Culturel Immatériel - Ministère de la Culture
Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel - UNESCO
Les dilemmes du savant et du populaire - Xavier MOLENAT
Petite bibliographie populaire
BOURDIEU Pierre, La distinction. Critique sociale du jugement, Minuit, 1979.
BOURDIEU Pierre, PASSERON Jean-Claude, Les héritiers. Les étudiants et la culture, Minuit, 1964.
BRAUDILLARD, L’effet Beaubourg, Galilée,1977.
FABIANI Jean-Louis, L’éducation populaire et le théâtre. Le public d’Avignon en action, PUG, 2008.
GRIGNON et PASSERON : Le savant et le populaire, misérabilisme et populisme en sociologie et en littérature, 1989, Le Seuil.
HOGGART Richard, La culture du pauvre (1957), Minuit, 1970.
LEON Antoine, Histoire de l’éducation populaire, Nathan, Paris, 1983.
LYOTARD, La condition post-moderne, Minuit, 1979.
POUJOL Geneviéve, L’éducation populaire : histoires et pouvoirs, Les éditions ouvrières, Paris, 1981.
TOURRAINE, Un nouveau paradigme, Fayard, 2005.
Des sites à fouiller ...
Pour aller plus loin ...
Pour trouver d’autres informations ...
Pour voir ce qu’il se fait ailleurs ...
Scop Le Pavé
INJEP (Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire)
Le CNAJEP : Comité National des Associations de Jeunesse et d’Education Populaire
La page "Culture" de l’UNESCO
Université Populaire de Caen
Intervenants
Franck Lepage : clown-consultant, il écrit en 2001 Le Travail de la culture dans la transformation sociale... (éd. Documentation française). Il nous parlera de la théorie des cultures de classe.
Jean-Luc Clément : instituteur, il s’intéresse à l’habitat traditionnel depuis de nombreuses années. Il nous parlera des enduits à la chaux.
Dominique Salini : anthropologue du musical à l’université de Corse, elle écrit en 2009 L’histoire des musiques corses (éd. Dumane). Elle nous parlera de la construction de l’identité corse.
Jean-Louis Fabiani : sociologue à l’université de Budapest, il écrit en 2008 L’Éducation populaire et le théâtre (éd. PUG) ; Il nous parlera de qu’est-ce qu’une culture métissée aujourd’hui ? et comment les médiations culturelles s’emparent-elles de l’image du métissage et la représentent-elles ?
Pierre Chevrier : animateur dans une association d’éducation populaire, le Centre Culturel La Marchoise, il nous parlera des modes opératoires qu’il a utilisé et de ses effets.
Nicolas Roux : professeur de biologie, il considère la cuisine comme une « activité de vie » : éleveur d’un cochon par an depuis 11 ans, il produit pour l’accompagner les patates et tous les légumes du jardins ainsi que moutons, poulets, canards gras sans oublier le veau des jours de fête. Vin et pineau sont aussi maison.
Outils d’action
Technique « parole boxée ». Cette méthode, aussi simple que vertueuse, créée un climat d’écoute et de confiance au sein du groupe. Certainement parce qu’elle casse, dans son principe même, les phénomènes de monopolisation de la parole et de stérilisation du débat par qui que ce soit.
Technique « groupes d’interviews mutuelles ». Les animateurs informent qu’ils vont former des groupes d’interviews mutuelles de 3 personnes de manière aléatoire ou en recherchant la plus grande hétérogénéité d’expérience des participants. Successivement, 2 membres du groupe interrogent le 3ème lui font préciser son point de vue sur le sujet, ses représentations, ses questions, éventuellement son expérience personnelle…
Technique du « débat mouvant » : Une affirmation polémique est lancée dans la salle. Celle ci va se diviser en 2 groupes : les « pour » et les « contre », chacun devant produire des arguments afin d’affirmer sa position. Les membres du groupe les exposent ensuite au groupe opposé. Les personnes vont pouvoir alors se déplacer d’un camp à l’autre au gré de la force de conviction des éléments avancés.
Etc...