U.P.E. 2010
Résistances et Energies
En un peu plus d’un siècle, l’exploitation et la consommation exponentielles d’énergies, de manière irraisonnée, conduisent une grande partie de l’humanité à modifier consciemment ou non l’ensemble des éléments naturels qui nous entourent - l’environnement.
En quoi des associations de cultures populaires peuvent contribuer à être, faire autrement aujourd’hui et/pour demain ? Savoir, comprendre, agir, c’est résister.
Et vous, comment vivez-vous l’ère énergivore ?
Résistances et Énergies.
Le climat et la production/consommation d’énergies dans le futur ne soulèvent pas de problèmes réservés aux seuls scientifiques spécialistes. L’avenir de la planète concerne le citoyen que nous sommes, préoccupé chaque jour de protéger un environnement que l’on sait menacé afin de le léguer dans le meilleur état possible à nos héritiers. Nous le savons bien, beaucoup de dégâts irrémédiables ont déjà été causés, dus notamment à une foi absolue dans le progrès industriel. Une grande partie du monde a cru –et certains croient encore- à ce que d’aucuns nomment le progrès technologique, sorte de machine à produire du non-essentiel.
L’époque industrielle a eu raison de l’environnement traditionnel. Elle a non seulement provoqué la transformation des paysages ruraux en sites (sidérurgiques, miniers, textiles) et usines de produits dérivés, mais elle a surtout laissé sur le territoire des traces d’activités, d’abord en déclin, puis définitivement abandonnées. Les friches industrielles posent à la société contemporaine un problème aux solutions peu convaincantes, entre abandon pur et simple au temps et réhabilitation culturelle. La situation désastreuse de l’industrie française aujourd’hui est un exemple patent d’une absence totale d’anticipation de mutations sociétales pourtant prévisibles.
Mais en même temps, l’époque industrielle avait vu l’émergence d’une classe populaire, cosmopolite sous l’effet des diverses migrations, et riche de ce que Richard Hoggart nommait la « culture du pauvre », notion déterminante dans l’anthropologie contemporaine. Cultures populaires, rurales et/ou urbaines, terrain de prédilection de l’ethnologie, ont été l’objet des politiques protectrices et conservatoires menées par les ATP. En tant que patrimoines locaux, ils participaient à la fois de la diversité régionale et de l’unité nationale. Puis l’histoire s’est refermée sur les archives, rassurée que celles-ci soient conservées à jamais.
Le développement de l’activité industrielle que l’on croyait nécessairement durable sous cette forme – essentiellement fondé sur la production/consommation d’énergies fossiles- a montré ses limites. Pour la première fois, il se dit que l’énergie fossile peut s’épuiser et même arriver à manquer ! En même temps, on réalise que les risques encourus durant toutes ces années ne disparaissent pas avec la production mais continuent sournoisement à détruire les organismes (exemple des cancers de la plèvre et de la thyroïde). Ces prises de conscience soulignent une fois encore le lien entre l’homme et son environnement, la santé de l’un dépendant étroitement de l’état de l’autre. Ainsi l’exemple de l’eau : on découvre que la nappe phréatique ou la mer peuvent être polluée comme l’eau d’une marre au fond de son jardin !
Certes, toute activité humaine est polluante et énergivore, et le fonctionnement des sociétés dites traditionnelles n’était pas toujours un modèle écologique. C’est une réalité que personne ne cherche à nier, d’où notre questionnement ; comment faire autrement ?, répété trois fois à propos du PIB, de l’agriculture et de l’eau.
Comme le souligne Alain Touraine, fondateur de la sociologie de l’action, (on peut dire que la méthode actionnaliste a été entièrement générée par la société industrielle), nous sommes passés de « la société industrielle à la société post-industrielle qui est une société de l’information (et que j’ai) nommée société programmée » préface à nouvelle édition (1999) de Sociologie de l’action (1965), p.13.
Réaliser que les sociétés ont été abusées par une série de leurres (progrès, technologies, consommation..), que nous sommes passés très rapidement d’un type de société bien identifiée (rurale, urbaine, ouvrière) à des « ères-post » (industrielle, coloniale..), nous oblige à chercher des solutions pour l’avenir. Le futur n’est plus aussi prévisible qu’autrefois, au temps où la transmission patrimoniale était une transmission productive,active. Désormais, cette « société programmée » et pourtant imprévisible, est surtout déshumanisée, quasiment virtuelle dans un cyber-espace.
Les archives de divers vécus constituent un patrimoine inestimable de savoir-faire, de techniques, en somme d’outils de production marqués par la présence de l’homme. Leur consultation, leur réappropriation et leur réhabilitation, ne relèvent pas d’une vision passéiste ou nostalgique, mais bien du souci de bâtir la société contemporaine non plus sur le modèle économique et social qui a marqué l’époque précédente, mais bien sur « un nouveau paradigme », culturel celui là, pour reprendre encore les termes d’A.Touraine.
Il s’agirait de construire une « société devenue « non sociale», où des catégories culturelles remplacent les catégories sociales, où les rapports de chacun avec soi-même sont aussi importants que l’était autrefois la conquête du monde ». Il s’agirait de « tenter de construire une nouvelle représentation de la vie sociale et d’échapper ainsi à l’impression angoissante de la perte de tout sens ».
Énergie individuelle ou collective, énergie fossile ou renouvelable, énergie primaire ou secondaire, humaine ou mécanique... Nous utilisons et produisons tous directement ou indirectement de l’énergie chaque jour, dans nos maisons, notre travail, nos loisirs... Quels consommateurs, quels citoyens sommes-nous ?
Mercredi 28 juillet (20h - Palais des congrès) :
"Énergie et Climat, la fin de l’âge d’or ?"
Conférence projetée de Jean-Marc Jancovici, qui participe aux travaux du GIEC*, commentée par Laurent Baraton.
Avec franc parlé et humour, J.M. Jancovici, expose l’étendue des risques que nous prenons actuellement au regard de deux probables dangers imminents : le réchauffement climatique et la crise énergétique liée à la pénurie annoncée des énergies fossiles. Laurent Baraton nous aidera à décrypter et approfondir cette présentation grâce à des temps d’explications tout au long de la projection.
*Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
Jeudi 29 - mercredi 30 - samedi 31 juillet - Guinguette
Venez écouter, échanger et débattre :
« Comment vous faites ? »
> Ateliers de pratique autour d’un échange de savoirs et de savoir-faire. Astuces et recettes quotidiennes : venez apporter vos expériences et profiter de celles des autres !
« Comment ça marche ? »
> Un ou plusieurs intervenants apportent leur éclairage sur les mécanismes liés à l’utilisation des énergies.
Jeudi 29 : retour sur la conférence de J.M. Jancovici avec Laurent Baraton. Puis, l’empreinte écologique : un autre indicateur économique.
Vendredi 30 : Politique de gestion agricole (Gustave Delaire) et modes de consommation alimentaire (Didier Coupeau).
Samedi 31 : Enjeux locaux et gestion de l’eau. Dans le marais poitevin (Yves Le Quellec). Décryptage d’une facture d’eau (Daniel Barré).
« Comment faire autrement ? »
> Échanges en tous genres à partir des sujets abordés et des expériences et idées de chacun.
Les temps changent
En lien avec l’université populaire "Résistances et Énergies", cette exposition offre un éclairage sur le climat et les évolutions climatiques.
Exposition visible au 1er étage de la MCP (hall du CERDO) du 26 au 31 juillet.
Réalisée par l’Espace Mendes France, elle constitue un volet autour de la notion de développement durable.
Un parcours en trois parties vous est proposé : comprendre le climat, les climats du passé, les climats de demain.
1) Comment la température terrestre est régulée par le mécanisme de l’effet de serre. Le déséquilibre du cycle du carbone est abordé, les différents climats actuels sont décrits, cette partie s’achève par une présentation de la météorologie.
2) Les variations de climat au cours des temps. Un intérêt tout particulier est porté aux évolutions climatiques.
3) Les changements climatiques en cours, en France ou plus près de chez nous. Cette partie aborde le travail des scientifiques impliqués et expose les travaux du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU et des scénarios pour le futur et notamment en Poitou-Charentes.