U.P.A. 2009

Trous de mémoire?

Qui s’intéresse aux cultures populaires, s’intéresse à la mémoire. Qu’est-ce que l’on transmet ? Qu’est ce que l’on garde ? Qu’est-ce que l’on oublie ? Nous aborderons son (ses) fonctionnement(s) sous deux angles complémentaires : la mémoire individuelle et la mémoire collective.

Divers moments ponctueront cette journée : interventions, débats, approches culturelles ou artistiques.

Intention

Trous de mémoire ?
L’intention de cette journée est de s’interroger, dans le cadre de deux moments distincts, sur la Mémoire.

La mémoire de l’individu sera approchée sous ces différents aspects :

  • physiologie
  • neurologie
  • aspect médical


puis resituée dans un contexte environnemental plus large :

  • approche linguistique
  • anthropologique
  • historique


Chaque cerveau repère, engrange, oublie, redonne.
Né d’une pluralité de mémoires, l’assemblage d’empreintes qui en résulte subit quantité de (re)constructions personnelles.

Pour autant, des informations semblent plus faciles que d’autres à mémoriser car elles entrent en résonance avec des orientations cognitives.

Fonction qui construit aussi bien l’identité, les connaissances, l’intelligence, la motricité et l’affectivité de l’individu, la mémoire suscite quantité de questions parmi lesquelles : Existe-t-il une région anatomique siège de la mémoire ? Retient-on de manière indifférenciée ? Troubles de la mémoire ? Mémoire malade ?

Au-delà de l’aspect neurophysiologique, le fonctionnement de la mémoire relève également de systèmes de croyances, de valeurs, de modalités sociales. Souvent associée aux souvenirs (moments épisodiques et affectifs), elle intervient dans la relation à l’Autre.

Élément déterminant du fonctionnement de l’oralité, elle en est un des vecteurs de transmission. Peut-on parler d’une mémoire culturelle ? Peut-il y avoir identité sans mémoire ? Quels troubles subit la mémoire ? Peut-on parler de mémoire malade ?

Programme

Maison des Cultures du Pays - Parthenay - le 05 décembre 2009

Jacques JULIEN
LA MÉMOIRE N’EST PAS UNE MACHINE

Qu’est-ce que la mémoire ? Beaucoup d’oublis, de redondances mais aussi des bibliothèques extérieures. Le fonctionnement bien particulier comporte des chaînons culturellement bien ancrés : apprentissages, habitudes, rituels, langage.

 

Aurélie BRAYET
MA COCOTTE BIEN AIMÉE… L’objet, les mémoires et l’oubli

Alphonse de Lamartine écrivait : « Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? ». L’âme des objets n’est-elle pas dans ce dialogue avec les mémoires ? Après avoir cerné la mémoire que nous avons des objets, nous verrons que les objets sont aussi des acteurs de notre mémoire, ils agissent en nous et sur nous. Mémoire et oubli sont les deux faces d’une même construction de l’individu et ces objets sont autant de témoins et de symptômes de nos oublis et pathologies.

 

Joëlle MINVIELLE
(R)ÉVEIL DES SENS, LA MÉMOIRE DU CORPS

La mémoire s’éveille par l’exercice des sens (vue, ouïe, toucher, goût, odorat...) et se réveille par le mouvement dans l’exercice du corps"

Marijana PETROVIC-RIGNAULT
PASSEURS DE MÉMOIRE : utopistes, chroniqueurs, techniciens, blagueurs et philosophes

En racontant leur vie, les sujets évoquent la tradition orale, les façons de dire ou la mémoire collective, en domaine poitevin, à Noirmoutier (Vendée) et valaque (région de langue roumaine, dans l’est de la Serbie) et la façon de raconter. A travers ces récits de vie, on voit comment enquêté et enquêteur jouent un rôle dans un processus hautement élaboré, dans lequel les sujets ne sont pas de simples vecteurs, mais des auteurs et acteurs à part entière, d’une mémoire à la fois locale et universelle.

 

David KHATILE
DESCENDANTS D’ESCLAVES NOIRS : Une mémoire minorée

La Martinique d’aujourd’hui n’échappe pas à la convulsion mémorielle qui agite notre époque. Les superpositions verticales des mémoires et identités du passé collectif et historique s’articulent autour de logiques de représentations qui relèvent de la stratégie. C’est ainsi que la mémoire minorée des descendants d’esclaves noirs se trouve manipulée dans un jeu tendu entre amnésie, oubli partiel et/ou apparent et surinvestissement symbolique. Quels en sont les enjeux et selon quelles logiques stratégiques opèrent ces divers procès mémoriels ?

Avec qui?

Participants à l’université populaire d’automne

 

Jacques JULIEN :
La mémoire n’est pas une machine.

Maître de conférence en ethnologie à l’université Denis Diderot Pari VII. Après une formation de physico chimiste, il a effectué des recherches dans ce domaine. Sa participation à un séminaire de Jorge Vieira da Silva a suscité une reconversion vers l’écologie, aboutissant à la création du Laboratoire d’Étude des écosystèmes. Il a collaboré avec Robert Jaulin au Département d’Ethnologie et Sciences des Religions. Il est également musicien amateur, membre du groupe Caramentran et président de l’agence des musiques traditionnelles en Auvergne, militant de "On connaît la chanson" organisatrice des rencontres de Marc Robine, animateur et président de Maisons paysanne de France en Ardèche. Actuellement, il met en place, avec son épouse, un lieu alternatif pour initiatives culturelles, artistiques, économiques...



Aurélie BRAYET :
Ma cocotte bien aimée... L’objet, les mémoires et l’oubli.

Diplômée en gestion et valorisation des patrimoines, actuellement chargée de cours à l’Université de Saint-Étienne et chargée de mission « Patrimoine » pour Saint-Étienne Métropole, elle réalise actuellement une thèse de doctorat sur l’histoire et la mémoire des Arts Ménagers et plus particulièrement l’univers de la cuisine. Commissaires des expositions Jours de lessive, les techniques de lavage depuis la Mère Denis (2006), Cultivons notre patrimoine quotidien ! (2007) et La Bartassaille dans tous ses états, ustensiles de cuisine innovants d’hier et d’aujourd’hui (2008), elle donne une importance particulière au recueil de mémoires, et l’étude des objets de notre quotidien. Ouvrage : Revivre, Les victimes de guerre de la Grande guerre à Saint-Etienne, 1914-1935 (PUSE, 2007) Ouvrage : Ma cocotte bien aimée, histoire et mémoire d’un objet quotidien (PUSE, février 2009).

 

Pascale LARONZE :
Le vélo photo de Madame Yvonne

Comédienne, sociologue ; Elle crée en 1981 à Strasbourg, la Compagnie Papier Théâtre (Spectacles pour jeune public et adolescents). Depuis 1995, elle met en place, dans le département des Côtes d’Armor, un projet de développement culturel en milieu rural et crée le lieu de création et de diffusion « La Quincaillerie ». Elle participe et coordonne différents projets sur le souvenir et la mémoire des quartiers populaires.
Ouvrage photos, textes « On était pas privé de dessert... » en 2000 (épuisé)

 

Marijana PETROVIC-RIGNAULT :
Passeurs de mémoire : Utopistes, chroniqueurs, techniciens, blagueurs et philosophes.

Marijana Petrović, est Attachée Temporaire d’Enseignement et de Recherche à l’Université de Picardie, membre de l’UMR 7107 (Langues et Civilisations de Tradition Orale). Sa thèse, porte sur la "Description syntaxique et sémantique du valaque (un parler daco-roumain de Serbie)" : elle aborde aussi la question de l’identité valaque et les problèmes sociolinguistiques d’un parler à tradition orale, mais aussi la typologie,les contacts de langues, etc. Elle travaille de concert avec Jean-Léo LEONARD : Maître de conférences HDR à l’université de Paris 3, membre de l’UMR 7018 (Phonétique et Phonologie). Sa thèse de doctorat présente la variation dialectale de l’île de Noirmoutier à partir d’enquêtes sur l’histoire orale insulaire. Depuis avril 2009, il a entrepris de réaliser une nouvelle série d’enquêtes sur la mémoire et le poitevin dans l’île de Noirmoutier, vingt ans après..



David KHATILE :
Descendants d’esclaves noirs : Une mémoire minorée.

Il est né à la Martinique en 1969. Musicien traditionnel (percussions et chants) et chercheur en ethnologie de la danse et en traditions orales à la Martinique. Il est docteur en ethnologie de la danse (2OO6, Paris VIII). Ses études universitaires sont consacrées à la danse et plus particulièrement à la Haute-Taille, un genre martiniquais de contredanse française. Il est également diplômé du Conservatoire National de Région de Saint-Maur (94) en percussions classiques et solfège (diplôme de fin d’études) et du CIM (école de Jazz à paris) en arrangement-orchestration et direction d’orchestre. Il est membre du CIRIEF (Centre International de Recherches Interdisciplinaires en Ethnomusicologie de la France) et de l’AFEA (Association Française d’Ethnologie et d’Anthropologie). Il participe depuis quelques années à des colloques et conférences sur des problématiques touchant à la fois à l’identité, au patrimoine, aux processus de création dynamique dans des pratiques culturelles antillaises, ainsi qu’à l’analyse formelle et l’ethnographie du conte et des faits langagiers à la Martinique. Il publie dans ce cadre deux articles dans la revue du CIRIEF (actes du colloque de Nice 2007) et aux presses universitaires de Rennes (Actes du colloque de Poitiers 2008) et un ouvrage en cours de parution sur l’anthropologie de la contredanse à la Martinique.

 

Joëlle MINVIELLE :
(R)éveil des sens, la mémoire du corps.