"Tal Coal"
®Nicolas Godin
Maison des Cultures de Pays / UPCP-Métive
Du 6 au 10 décembre 2021
D'origine franco-vénézuélienne, Maud est née et a grandi à Paris.
Enfant et adolescente elle pratique l'alto au conservatoire et chante dans un chœur d'enfant qui fera deux tournées en Grèce. A dix-huit ans elle se forme en technique vocale auprès de la mezzo-soprano Elsa Maurus. Après cinq années de chant lyrique et une première année de Master de littérature comparée (écriture d'un mémoire sur l'oralité et la théâtralité de la poésie africaine-américaine féministe des années 1970), Maud obtient une bourse pour étudier dans une université américaine. Elle y pratique le théâtre collaboratif, le clown théâtral, les polyphonies et chansons médiévales et renaissances.
De retour en France en 2014, elle s'installe à Toulouse, attirée par la scène queer expérimentale toulousaine. C'est pourtant la découverte du chant béarnais qui va cristalliser son intérêt pour les pratiques populaires engagées et ouvertes. En validant une première année d'étude pour devenir musicienne intervenante en milieu scolaire, elle rencontre Xavier Vidal et Pascal Caumont.
Elle intègre en 2016 la formation “Acteur au présent” du Théâtre du Ring, prend des cours de Languedocien et de violon traditionnel (à l'alto).
D'avril 2017 à mars 2020, elle chante et joue des percussions au sein du trio de chant polyphonique à danser Cocanha.
Concert minimaliste chanté
Un jour, mes cousins du Vénézuela m'ont fait découvrir « las Tonadas » de Simon Diaz, des chants de traite des plaines agricoles de là-bas. Cela ne m'a pas quitté, et m'a mis sur la piste de ces bardes qui chantent les chants nés de leur paysages, de leur travail agricole, de leurs veillées.
Depuis quelques temps j'habite dans le village natal d'un grand chanteur et collecteur du Haut-Agenais, Pèire Boissière. Avec lui et grâce à lui, je continue mon exploration du chant et des mélodies anciennes et anonymes.
L'acculturation forcée du monde paysan par l'idéologie du progrès a eu lieu partout, des Caraïbes jusqu'au Périgord. Je me méfie un peu du côté nostalgique et mélancolique de mon attrait pour les chants oubliés des campagnes : il faut du temps pour approfondir, pour ne pas plaquer des préjugés même enthousiastes sur ce qu'évoquent ces mélodies aux tempéraments particuliers.
J'ai besoin de les approcher avec légèreté : peut-être faut-il un brin d'idiotie, de second degré, de l'imprévu, des accidents...
J'ai appris la musique depuis l'enfance au conservatoire, dans une vision classique et élitiste où comptait seulement le résultat final. Cela m'a pris longtemps avant d'écouter un son. Un son pour un son. De m'y plonger. C'est de là que je souhaite partir maintenant : écouter d'abord, faire des prises de son dans le paysage où sont nés ces chants, peut-être jouer, improviser avec.
Pour ne pas être seule en solo, je souhaite convoquer différentes mémoires musicales : continuer à chanter ce qui le fut par des chanteurs occitanophones non-professionnels, comme Félicien Beauvier ou Marguerite Marque, des fragments de polyphonie de Guillaume Dufay en dialogue avec mon alto, des litanies de « contradichs », proverbes occitans surréalistes que m'a fait découvrir l'ethnologue des Cévennes Jean-Noël Pelen.
J'aimerais prendre le temps de dessiner, comme dit la philosophe Vinciane Despret, un « territoire chanté » : fait de ruines vivantes, de fragments, de bribes, des sons répétitifs ou continus, pour expérimenter peut-être d'autres temporalités que celle linéaire de notre culture.