Hommages
A Jean Blanchard, Erik Marchand et JM Carlotti
Grande bande de cornemuses (BAO 1989) © UPCP-Metive

Mont Joia (Parthenay 1978) © CPG

Erik Marchand (BAO 1989) © UPCP-Métive
En cet automne 2025, trois personnalités majeures du renouveau des musiques traditionnelles se sont éteintes.
Jean Blanchard, né en 1948, fut l’un des fondateurs de ce renouveau dans les années 1970, en particulier dans le Lyonnais, par la mise en place du folk-club La Chanterelle, puis avec la création du groupe La Bamboche. Il fut aussi l’initiateur dans les années 1990, avec Eric Montbel, du CMTRA (Centre de musiques traditionnelles en Rhône-Alpes), dans la foulée de la reconnaissance de ces Centres par le Ministère de la culture. Il n’eut de cesse, ensuite de conjuguer sa pratique musicale, toujours curieuse et polymorphe, et sa volonté de transmission, en particulier au sein du CEFEDEM de Lyon.
Jean-Marie Carlotti, né comme Jean Blanchard en 1948, fut aussi l’un des fondateurs de ce renouveau en Provence. Connu surtout pour avoir été le co-créateur et chanteur du groupe Mont-Joia dans les années 1970, il a été l’un des principaux artisans du renouveau de la chanson en langue d’oc. Il mena de nombreuses expériences artistiques de rencontres avec d’autres artistes du sud, dont Patrick Vaillant et Michel Marre.
Erik Marchand, né en 1955, était l’une des figures principales de la musique bretonne. Mais pas d’une musique bretonne enfermée dans les sirènes d’une celtitude à la mode, mais d’une musique apte à voyager et dialoguer avec toutes les autres musiques, qu’elles soient roumaines, arabes, ou indiennes. S’il est mort en Roumanie, c’est que les musiques tsiganes représentaient sans doute pour lui la quintessence de sa recherche artistique, tournée vers le partage et la créolisation.
Tous les trois ont été invités à se produire dans le festival De bouche à oreille, à quelques années de distance : Jean-Marie Carlotti en solo avec sa seule guitare à 5 cordes, Jean Blanchard avec la Grande Bande de cornemuses qu’il avait fondée et dirigée, et Erik Marchand alors qu’il était en pleine recherche sur les parentés entre la modalité des chansons traditionnelles bretonnes et la modalité arabe avec Thierry Robin.
Si nous devions retenir une leçon de ces très grandes personnalités, c’est sans doute celle de ne pas laisser nos musiques s’enfermer dans des frontières et des certitudes identitaires. Ce qui ne les empêchait pas de trouver dans leur grande connaissance de leurs musiques d’origine toutes les ressources nécessaires à la rencontre et au partage.
Permettez-moi de citer en conclusion les quelques mots qu’Alban Cogrel, Directeur de la FAMDT, a écrits en leur hommage dans la dernière lettre de la FAMDT :
« Trois artistes, trois passeurs, trois bâtisseurs de mondes. Tous trois ont fait des musiques traditionnelles et populaires un espace d’invention et d’humanité, un territoire d’identité relation, pour reprendre les mots d’Édouard Glissant, où la rencontre fait œuvre et où la différence devient source de reliance ».
Jany Rouger
