Hommage à Maurice Pacher
5 juillet 2022
Un pionnier et pilier de la culture poitevine vient de nous quitter
Maurice Pacher - Augé le 30 juillet 2009 © tous droits réservés
Maurice Pacher s’en est allé, il y a quelques jours, emporté par la maladie à 76 ans.
Danseur, musicien, collecteur, formateur, chorégraphe, animateur départemental, compositeur, chanteur et plus jeune frère du président fondateur de l’UPCP, André Pacher, il a été durant plusieurs décennies une personnalité incontournable au sein de notre union.
Danseur et joueur de cornemuse, il est entré aux Pibolous à 13-14 ans, , il a pris part à la création des Ballets Populaires Poitevins en 1968, en devenant rapidement le chorégraphe, et à celle de l’UPCP l’année suivante.
Chanteur et compositeur, il s’est produit dans les années 70 au sein des Piboliens, ensemble chansons et poésie des Pibolous, interprétant des chants traditionnels ou mettant en musique les textes du poète Maurice Fombeure pour un spectacle qui a connu la scène parisienne du Théâtre Mouffetard en 1972. Il a fondé le groupe vocal novateur Village à la fin des années 70 et, vingt ans plus tard, s’est produit au sein de Naïf, avec sa compagne Valérie, son frère André et son neveu Christian.
Chorégraphe, inspiré par la démarche de « ballets populaires » venue des pays de l’Est, qui portait à la scène les danses traditionnels dans des chorégraphies énergiques pour corps de ballet et solistes, il a notamment conçu les parties dansées du spectacle fondateur La Geste Paysanne donné à Verruyes en 1974 et 1976.
Collecteur, Maurice Pacher a co-animé de 1966 à 1979 les stages Opération Sauvetage de la Tradition Orale Paysanne puis Université Rurale de Printemps de l’UPCP. Il a notamment recueilli nombre de danses auprès des anciens, immédiatement retransmises en ateliers et restituées en spectacles, à travers son interprétation personnelle de danseur et de sa touche de chorégraphe. De ses collectes, il reste des documents audiovisuels et de précieuses notes, conservés et consultables au CERDO. A titre d’exemple, dans ses notes figurent la seule description connue à ce jour du Rond de Barbâtre, et c’est grâce à elle, complétée lors d’un entretien avec des danseurs soucieux de recherche, que cette danse a pu être transmise et réintroduite dans le répertoire des bals au cours de ces dernières années.
Animateur départemental, basé à la DDJS79, il a conduit différents projets, allant de la formation à l’édition, dont beaucoup avec l’UPCP : Maurice a ainsi mis en place et animé l’Atelier Régional Danse qui a contribué, pendant près d’une décennie, à former les animateurs associatifs. A cette fin, il a développé une méthode de transmission de la danse, progressive, analytique et interactive, s’appuyant notamment sur le répertoire des Ballets Populaires Poitevins et son appropriation des collectes postérieures. Maurice a également animé le premier groupe de travail se souciant de l’indexation des archives issues des collectes ethnographiques (notamment fiches d’écoutes complétant les cahiers d’enquête).
Accordéoniste et compositeur, il a participé aux productions sonores Accordéons pas pareils et a conçu des morceaux devenus des « tubes » (La Valse à Julie…), toujours transmis et interprétés dans le milieu trad. Sollicité en 1979 par le chorégraphe contemporain Jacques Garnier alors basé à La Rochelle avec sa compagnie, il a composé la musique de son ballet Aunis. Lorsque Garnier a fondé le groupe de recherche chorégraphique du ballet de l’Opéra de Paris, Aunis est entré au répertoire de la compagnie nationale… où il figure toujours. Lors de spectacles et de tournées de l’Opéra, Maurice a longtemps accompagné, avec Gérard Baraton, les danseurs en direct avant de laisser sa place pour raison de santé à Christian Pacher.
Cette évocation oublie sans doute beaucoup de choses…
Maurice pouvait être exubérant ou rigoureux, pédagogue exigeant ou vulgarisateur accessible, débatteur infatigable ou joueur performant de T’as menti… Au-delà du beau danseur athlétique et démonstratif, L’UPCP- Métive gardera en mémoire le militant visionnaire qui, de l’abandon du costume folklorique en 1975 aux métissages artistiques avec d’autres styles de musique et de danse tout au long de sa vie artistique, a contribué à l’histoire de notre Union.
UPCP-Métive
"Salut Maurice, Nous ne t’oublierons jamais, nous t’aimions, tu nous aimais, tu adorais nous faire rire et là où tu vas, les étoiles n’ont qu’à bien se tenir si elles ne veulent pas passer leur temps à se poiler !"
Gérard Baraton
Maurice Pacher, le 30 juillet 2009 © tous droits réservés